... Dom Gabrielli écrit à sa bien-aimée de toujours, l'absente idéale, incarnation plénière de la poésie. Il écrit chemin faisant à la terre-mère, à l'amante "innommable" en une période, la nôtre, où tout semble définitivement dénaturé par l'arrogance et les délires d'une civilisation qui a produit des armes de destruction massive capables d'éradiquer en un clin d'oeil toute vie terrestre. Le poète effleure délicatement la fleur et le fruit de l'aube, éprouve les moindres modulations des frissons sur la peau de chaque jour, entend les tambours battant dans les entrailles des crépuscules ivres. Dans le fracas et les cris proches d'un apocalypse déchaîné dont nous ressentons tous plus ou moins les conséquences désastreuses, le chant lucide et doux du poète se mêle au silence salvateur d'une interminable contemplation laquelle finit par se confondre avec le souffle des processus naturels, et le poète, tel un berger des temps antiques, module sur sa flûte en roseau les mélodies qu'écoutaient peut-être nos ancêtres lointains livrés aux terreurs et aux extases des nuits étoilées des commencements du monde ...
(extrait de la préface d'André Chenet à "this body now // les instants du corps", livre de Dom Gabrielli à paraître prochainement en édition bilingue aux éditions Baz'Art Poétique )
this body now // les instants du corps
de Dom Gabrielli
Extraits :
what identity
is there
other then this lament
this body now
this nomad hand
running
through streets of war
i am looking for you
turn inside out
orphan cello of lost time
°
y a-t-il
une autre identité
que cette complainte
les instants du corps
cette main nomade
parcourant
les rues en guerre
je te cherche
retourne ta peau
violoncelle orphelin du temps perdu
___
it is a body still
which was never given
but grew against what it should have been
it was forged in the face of
without these words
it would be nothing
°
c’est un corps toujours
qui ne fut jamais donné
mais a grandi à l’encontre de ce qu'il aurait dû être
il s’est forgé face à l’adversité
sans ces mots
il ne serait rien
___
have pity on the poet
whose words do roam so
i have walked so long in this naked torment
my tears have come walking the city streets with me
°
prends pitié du poète
dont les mots errent ainsi
j’ai marché si longtemps dans ce tourment nu
mes larmes marchant avec moi le long des rues des cités
.../...
with heavy hands
down long corridors
into grey passwords
toward open purses
in the sex of evening
where
time masturbates
°
les mains lourdes
le long de corridors sans fin
vers le gris des mots de passe
vers les portefeuilles ouverts
dans le sexe du soir
là où
le temps se masturbe
___
from paris to rome
venice to london
marrakesh to new york
lecce to los angeles
san francisco to toronto
melbourne to tokyo
poems scatter
erupt on alternative paths
smoothly
they before me
and i across them
°
de paris à rome
venise à londres
marrakech à new york
lecce à los angeles
san francisco à toronto
melbourne à tokyo
les poèmes se dispersent
éclatent sur d’autres voies
doucement
eux devant moi
et moi à travers eux
site de l'éditeur : Kader Rabia : Baz'Art Poétique