ce que je ressens chez toi Chenet Poète
est avant tout une très grande justesse
aussi bien dans le ton
que dans la mesure des colères
le corps est là incandescent
ce corps fait de livres aimés
fait de paysages d’amour
cette nuit
plus nuit que nuit
où fleurissent les mots d’amour
des douleurs aussi des cris
tu dis si justement
qu’il faut être
brûlés par les terres traversés
la chance nous a permis de pouvoir aimer
sans doute trop
et d’être aimé
sans doute trop
mais dans ces corps à corps
sont nées les certitudes
qui permettent d’approcher avec une certaine fougue
ces traîtres et ces ogres
que sont les avatars de la mort et du temps
qui veulent nous cacher
la beauté des moments
qui poussent en nous
et que notre délire fait voler
par la sensation du corps qui renaît
sur les ailes du chaos
voilà je dresse le portrait d’une certaine perfection
d’un être multiple différent
seul dans sa différence
mais qui aime et qui est aimé
de façon assez magique
mais voilà qu’on n’est pas seuls
car
« ils triturent les lunes
écorchent les orchidées
incarcèrent les sources »
on ne peut être plus clair
sur ce lent suicide de notre terre
ce suicide vécu tous les jours
cet élan qui nous emporte
et risque de ne pas nous ramener
la victoire des ‘weed killers’
est partout installée
je tiens beaucoup à ce cri de douleur
de la terre fait corps dans le poème
dans le corps de l’artiste
qui n’en peut plus
qui voit l’orchidée
et qui ne la voit plus
qui cherche le serpent de l’aube
dans l’agonie des abeilles mortes
je suis une mauvaise herbe
dans l’argile du futur impossible
je suis la main de l’enfant qui touche
mais ne cueille pas
je suis à quatre pattes dans l’oliveraie
roquette et pissenlit
asperge et fève
ce matin est à moi
est au poème
mais quelle précarité
on ne peut pas élever assez haut
les murs de pierres sèches
on ne peut pas contenir les feux mafieux
et pourtant on se doit de lutter
on se doit d’écrire
« ils éclaboussent la terre
avec du sang »
ils brûlent les mauvaises herbes
ils aiment la tabula rasa
le ciment des platitudes
ils refont la virginité de la prostituée
avec leur produits bâtards envenimés
qui tuent
tu voyages donc là
en parallèle avec moi
dans le sud de la Méditerranée
au climat magnifique
où l’on danse encore quelquefois
sur des musiques
aux influences multiples
d’un temps où l’on se tenait la main
entre êtres différents
sans vouloir se ressembler
sans vouloir se confondre
dans un portrait assaini d’ennui extrême
« il pleut la terre grossit
les jonquilles répandent
leurs si douces chansons
dans les herbes nouvelles »
j’aime ces livres qu’il faut relire
qui viennent doucement
qui ne révèlent pas leur secret au premier abord
il faut se protéger bien sûr
car même nos ennemis nous lisent
et plus qu’on ne le croit
ceux qui sèment la mort partout
celles qui tuent avec des formulaires
qui inventent de nouvelles tortures chaque matin
ne pas ponctuer
qui sait lire lira
sans ce cache sexe de prudes averties
qui voudra viendra
il ne faut pas croire en la forme
mais il ne faut pas négliger la beauté
car elle existe
et nous ne sommes que des moments
d’instabilité
de feu
de vision
de jets
de touchers
« je vous écoute herbes mortes
à l’orée des racines
où s’abreuvent les lèvres
des fleurs souterraines »
notre tendresse si fragile
qui ne peut vraiment se dire
qui peut se chuchoter entre amants
qui peut se chanter à l’orée de deux temps inégaux
à l’interstice d’humeurs inconscientes
qui respirent l’enfant en nous
et qui nous dit les mots à déclamer
tout doucement
sur un lit tendu entre oliviers du soir
où le vent caresse la nudité du désir
« je vous écoute ma tendre terre
ma fidèle et souriante amie
j’écoute votre nuit
qui mûrit mes mots d’amour »
Aimez ce poète, André Chenet, lisez ce livre merveilleux d’une vérité incroyable, respirez ce corps fort de sa tendresse à l’échelle de l’infini : SECRET POEME, AUX EDITIONS CHEMINS DE PLUME. Il ne faut pas tarder … le temps presse.
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francesca malagutti (Friday, 15 May 2020 22:43)
Je remercie la vie qui m'a donné vos chansons.